En 1868, le gouvernement britannique et la Compagnie de la Baie d’Hudson parvinrent à une entente autorisant le transfert de la Terre de Rupert et du Nord-Ouest, des territoires couvrant environ la moitié de la superficie de l’Amérique du Nord, à la nouvelle Puissance confédérée du Canada. Avant que les conditions de l’entente soient respectées et le transfert officialisé, le Canada se prépara à construire une route menant à la Rivière-Rouge et à en prendre possession. Cela voulait dire traverser un territoire non canadien appartenant surtout aux Premières nations.
Ressource en ligne (en anglais) :
“Plan Shewing the Proposed Route from Lake Superior to Red River Settlement (1870)”[i]
En 1858, Simon James Dawson avait fait une reconnaissance en prévision de la route et rédigé un Rapport qui proposait la construction d’un chemin de charroi entre le lac Supérieur et la Rivière-Rouge. Cependant, le Canada décida de laisser la plus grande portion de la route telle qu’elle avait été à l’apogée du commerce des fourrures – les cours d’eau reliant Montréal et Toronto au lac Supérieur et, de là, au lac des Bois.[ii] William McDougall, ministre canadien des travaux publics, confia à John Allan Snow la direction des travaux de construction d’un tronçon d’environ 145 kilomètres de long, entre le lac des Bois et Upper Fort Garry.[iii]
Snow arriva à la Rivière-Rouge en 1868.[iv] Il se heurta à des problèmes presque immédiatement. La Compagnie de la Baie d’Hudson protesta, depuis Londres, en Angleterre, contre les travaux « entrepris par le gouvernement du Canada comme s’il s’agissait d’un droit, comme si le territoire traversé par la route était canadien » (trad.).[v] Snow persévéra et entama les travaux le 9 novembre 1868. Quarante-cinq kilomètres de route avaient été dégagés au 1er avril 1869 lorsque les travaux cessèrent et Snow retourna à Ottawa pour obtenir des fonds supplémentaires. L’argent lui fut accordé mais, lorsqu’il arriva de nouveau à la Rivière-Rouge en juillet, il eut de mal à recruter des ouvriers. Il se fia en grande partie aux nouveaux arrivants canadiens, car les hommes originaires de la colonie travaillaient déjà comme fermiers et pour le compte de la CBH.[vi]
Les résidents permanents de la Rivière-Rouge furent irrités par les ouvriers canadiens de Snow, ainsi que par les équipes d’arpentage de John Stoughton Dennis : « des rumeurs de comportement répréhensible circulèrent largement au sujet des hommes de Snow et la population y crut en grande partie » (trad.), surtout après l’arrestation et l’accusation pour voies de fait (agression) de certains, notamment Thomas Scott.[vii] Par la suite, on entendit parler d’histoires selon lesquelles les Canadiens étaient en réalité des soldats et William McDougall apportait des fusils et des munitions pour les armer — histoires que le comportement des ouvriers canadiens eut du mal à contredire. Quand arriva le mois d’octobre, les résidents de la Rivière-Rouge en avaient assez. Les projets canadiens furent interrompus.[viii] Les colons se lancèrent dans la Résistance. En novembre, il était de plus en plus clair qu’ils ne voulaient pas de route à destination du Canada. Ils voulaient plutôt un chemin de fer.[ix]
Pendant toute la durée de la Résistance, la façon la plus facile de se rendre au Canada était de passer par les États-Unis.[x] Les Américains avancèrent l’idée que cette situation allait durer : la presse américaine publia des articles anonçant qu’une nouvelle route relierait St. Paul, au Minnesota, à Fort Garry en une année et que les deux localités seraient reliées par le chemin de fer « en trois ans ».[xi]
À la Grande Convention, la construction d’un chemin de fer était l’une des conditions de l’entrée dans la confédération du Canada. L’idée du Canada selon laquelle une combinaison de voies d’eau et de routes suffirait pour communiquer était jugée inappropriée. Les membres de la Convention exigèrent des garanties pour que soit établi un raccordement avec la « ligne de chemin de fer américaine, dès que celle-ci aura atteint la frontière internationale ».[xii]
On souhaitait également l’installation d’un service télégraphique. Les trois délégués envoyés à Ottawa pour négocier les conditions de l’entrée dans la confédération se servirent des réseaux télégraphiques pour transmettre des messages en Assiniboia. Cependant, les télégrammes ne pouvaient être transmis que jusqu’à St. Paul. Au mieux, il fallait attendre huit jours avant de réceptionner les messages, quand les conditions météo étaient favorables et après avoir comblé la distance restante en faisant appel à des cavaliers sur des chevaux rapides.
Les pages du journal local New Nation révèlent l’intérêt de la population pour une communication améliorée entre la Rivière-Rouge et le monde extérieur. Elles permettaient aux colons de suivre l’évolution des travaux relatifs aux réseaux télégraphique et ferroviaire, et de s’informer sur les découvertes scientifiques et technologiques les plus récentes.
quelques ressources en ligne (en anglais) :
Selon l’article A note on telegraph progress (note sur les progrès du télégraphe), publié dans le New Nation (28 janvier 1870) : « Une nouvelle compagnie télégraphique gérée par des Américains vient d’obtenir l’autorisation de faire passer son câble par les Açores. »
L’article “Preparation of the Peabody Funeral Train,”du New Nation (28 janvier 1870), est un compte rendu du Journal de Boston, au sujet de la compagnie de chemin de fer Eastern Railroad à Salem préparant un train funéraire pour transporter le corps de George Peabody depuis Portland jusqu’à Peabody, au Massachusetts. Il était décédé le 4 novembre 1869. Son corps avait été provisoirement enterré à l’abbaye de Westminster, puis transporté aux É.-U. à bord du Monarch, le bateau le plus grand et le plus récent de la marine britannique.
L’article “Felt Clad Ships,”du New Nation (18 février 1870), relate que, selon le périodique australien Navy Archive, on a proposé du feutre à l’empereur Napoléon pour diminuer l’impact des projectiles sur la coque des bateaux.
L’article A report on a steam streetcar (sur le tramway à vapeur en France), du New Nation (25 février 1870), (est suivi d’une description de bureau de poste prévu pour les marins dans le détroit de Magellan).
L’article “Singular Sleeping Posture,”du New Nation (25 février 1870), cite la publication scientifique Nature, qui conclut que la position utilisée par les Tibétains pour dormir préserve la chaleur.
L’article “A Woman with Artificial Hands and Feet (au sujet d’une femme aux mains et aux pieds artificiels),”du New Nation (25 février 1870), raconte une découverte médicale en Angleterre.